L'invasion des bâtisseurs de crêche
L’Invasion des Profanateurs de Sépulture, à rebours. Du jour au lendemain, de froids et mornes que nous sommes, certains deviennent inexplicablement affûtés, diserts, passionnants, jouisseurs, le menton levé, verre et verbe hauts. L’excitation se propage; chaque jour, davantage de jovials fougueux, exsudant l’énergie et la génialité, tournoyant dans le chaos jubilatoire d’une fête sans redescente. Restent des inconvertibles : plantigrades, pisse-froids, broyeurs de noir. A défaut d’être parvenus à les transformer, nos fantastiques exubérants se contentent de les isoler, puis, la majorité basculant, se débarrassent de ces gâche-tout, sournoisement d’abord, puis ouvertement. C’est la fin. Dans la foule de fils prodigues s’éclaboussant de rires et de réparties, quelques stupides rescapés, pour leur survie, épuisent leur médiocrité à simuler sourires et pétillements d’intelligence - qu’est-ce qu’on s’amuse ce soir hein - réprimant l’épouvante de n’y rien comprendre et l’angoisse de se faire repérer. Que c’est moche de vieillir.