Voyez ce vanneau aller, la coquille sur la tête!

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janvier 2016

Chevaliers (2)

Il y aurait encore bien des choses en somme. Débarrassons. A l'épouvante absolue du dehors répond un spectacle aussi désespérant à l'intérieur. Jamais le vaisseau-arche ne semble le havre protecteur et nourricier - qu'il est pourtant. On n'y rêve pas de s'y blottir en soupirant d'aise à se sentir protégé dans ses entrailles chaudes; on ne s'y endort pas serein en souriant dans son édredon au labeur du jour accompli, on n'y exulte pas comme ça sans raison en gonflant d'air printanier ses poumons. Et lorsque au milieu des péripéties, un Gardien embarqué dans une navette pour (...)

Le jargon

Dans cette succession de graves nouvelles, le jargon, loin de rebuter, procurait un sentiment paradoxalement réconfortant, tout au long d'explications où perçait, par le recours aux termes techniques, l'intention du spécialiste de ne pas sacrifier véracité et précision du discours à un souci de clarté qui aurait été moins abstraite mais aussi peut-être condescendante et sans doute moins nuancée. Il nous était fait la politesse de sembler tacitement nous reconnaître comme auditeurs profanes certes, mais intelligents : à même de saisir et l'essentiel et le détail, malgré (...)

La dernière Reine de Corée

J'ai croisé dans un jardin, j'ai croisé ouvrez les guillemets, la dernière Reine de Corée. Elle se promenait avec ses suivantes dans un jardin anglais. J'étais bougon dans le bus trop chauffé, les cheveux lavés encore figés de glace; pour une fois une place assise, bien calé contre la vitre, le bus brinquebalait, et soudain c'était plein de couleurs, c'était à nouveau de ces chutes quand le sommeil sans avertir nous gobe entier comme enfant. Deux suivantes l'encadraient. Elle s'est avancée, sans paraître le chercher, venant un peu de biais - elle s'est approchée, la dernière (...)

L'invasion des bâtisseurs de crêche

L'Invasion des Profanateurs de Sépulture, à rebours. Du jour au lendemain, de froids et mornes que nous sommes, certains deviennent inexplicablement affûtés, diserts, passionnants, jouisseurs, le menton levé, verre et verbe hauts. L'excitation se propage; chaque jour, davantage de jovials fougueux, exsudant l'énergie et la génialité, tournoyant dans le chaos jubilatoire d'une fête sans redescente. Restent des inconvertibles: plantigrades, pisse-froids, broyeurs de noir. A défaut d'être parvenus à les transformer, nos fantastiques exubérants se contentent de les isoler, puis, la (...)